InvitéInvitéSujet: Bats toi pour survivre, ne m'abandonne pas[Kaeso & Callisto] Mer 12 Juin - 20:51 | |
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InvitéInvité Sujet: Re: Bats toi pour survivre, ne m'abandonne pas[Kaeso & Callisto] Mer 12 Juin - 21:52 | |
| Pour Kaeso, cette fois, c'en est trop. Il n'en peut plus de cette vie-là, tout simplement. Il en a assez de se réveiller le matin dans la souffrance, en se rendant compte que sa vie sous forme humaine n'était pas un rêve, mais une réalité à laquelle il est obligé de se confronter quotidiennement. Il a l'impression d'avoir perdu tout ce à quoi il tenait. Et comme tous les hommes, il est devenu une petite chose fragile. Si facile à détruire qu'il a envie d'essayer, qu'il s'y adonne tous les jours. Mais cette fois, c'est différent. Cette fois, il a la volonté d'en finir, et vite. Il ne supporte tout simplement plus cette vie sur Néméïl. On lui a appris à vivre avec son nouveau corps, mais cela le dégoûte. Il aspire désormais au triste repos de la mort, comme si c'est la seule chose qui peut apaiser ses douleurs. Quel plus bel endroit pour mourir que le bord de l'eau ? Kaeso se souvient parfaitement de ces moments lointains où, buffle encore, il allait s'abreuver auprès d'un point d'eau. L'atmosphère était chaude, voire étouffante, et ces haltes étaient toujours une source de délices. Aussi a-t-il décidé que ce serait là qu'il fermerait les yeux pour la dernière fois. Il sait que ce passage dans l'autre monde ne sera pas paisible, aussi le cadre doit-il être idyllique. Il ne veut pas non plus de témoins. Il n'aimerait pas que quelqu'un tente de le sauver.
Il se fournit tout ce dont il a besoin auprès d'un individu louche, ne lui signalant pas qu'il a l'intention de tout prendre d'un coup. Une dose mortelle qui l'enverrait loin de cette terre maudite. Puis il quitte sa ville pour rejoindre la nature. Dès qu'il n'y a plus d'habitations en vue, il se sent mieux... en paix, à vrai dire. Comme s'il retrouve partiellement ses racines en s'éloignant de la civilisation. Mais ce n'est que partiel, car il sent qu'il n'est plus tout à fait buffle. Il a été irrémédiablement corrompu par sa part humaine, qui a fait de lui une épave suicidaire. Il continue d'avancer, et il s'enfonce jusqu'à attendre la rivière où il veut expirer. Le Styx. Apparemment, c'est un lieu empreint de mythologie et de divinités... Kaeso n'en a un peu rien à faire, il aime juste l'endroit qu'il trouve fort sympathique. Il lui fait penser à Callisto. Il aperçoit un pont de pierre dont le charme le séduit immédiatement. Voilà quel sera son dernier lit. Il s'y installe tranquillement, vérifie qu'il est bien seul, puis décide de commencer. Il inspire un bon coup, savourant sa dernière respiration libre de tout poison, puis il commence à s'injecter le produit. Au départ, cela lui fait un bien fou. Il adore cette sensation, il se sent béat, tout est exquis comme si plus rien ne comptait au monde. Puis il continue, encore et toujours, jusqu'à ne plus rien pouvoir s'injecter. Une dose mortelle. Kaeso s'allonge sur le pont et commence à regarder le ciel. Quand il était buffle, il avait toujours la tête basse. Il ne le voyait jamais. C'était dommage, car il se rend à présent compte que le ciel est tout simplement magnifique. Une œuvre de maître.
Et le poison fourmille dans ses veines. Il commence à souffrir. La dose est trop forte pour sa corpulence faible. Aurait-il été encore un buffle, il y aurait peut-être survécu, mais un humain n'a aucune chance. Il doit juste attendre la mort, à présent. Mais il ne perçoit plus rien. Le ciel est devenu une vague tâche bleue, l'air lui brûle les poumons, et il ne sent plus la pierre qui soutient son dos. Il se noie progressivement dans cet océan. Et il comprend ce qu'il est en train de faire. Il se rend compte qu'il va mourir, et ce qu'il y a d'animal en lui se bat contre cette idée. L'animal ne sait pas qu'il doit mourir, certes, mais il fait tout pour survivre. Le buffle qui est en Kaeso se réveille et lutte ardemment contre son poison. Le poison qu'il s'est lui-même inoculé. Hélas, sans aide, que peut-il faire ? Juste retarder l'inéluctable. Cependant, il ne peut pas se résoudre à mourir en paix. Il doit se battre pour s'empêcher de mourir trop vite. Il entend alors une voix qui ne lui est pas inconnue, une voix qui murmure son nom et semble véritablement inquiète. Kaeso s'est trop enfoncé pour reconnaître son ou sa propriétaire, mais il s'accroche à cette voix comme il le peut. Elle constitue son issue de secours, son ancre pour s'en sortir. Il sent qu'il y a contact physique, mais il ne saurait dire où, parce qu'il n'a même plus conscience d'avoir deux épaules. Il a oublié qu'il était humain, il se souvient juste de sa forme originelle, sans pour autant la ressentir. La personne qui s'est penchée sur lui lui fait quelque chose. Il sent que quelque chose s'échappe de lui, mais elle n'est pas en train de lui aspirer sa vie. Non, c'est plutôt du mal qui quitte son corps... le poison. La douleur commence à refluer, toujours présente mais beaucoup moins forte. Il arrive à reprendre ses esprits. Et il se rend compte qu'il connaît cette personne.
« Callisto. »
Et elle l'a vu dans cet état... est-ce qu'il peut seulement lui dire que c'est lui, le responsable ? Que personne ne lui a rien fait, qu'il a juste tenté de se suicider ? Pour le moment, la question ne se pose pas. Ils sont unis dans le même combat : sa survie. Kaseo la laisse faire son œuvre. C'est une guérisseuse, visiblement. S'il l'avait su, il ne serait peut-être pas venu jusqu'ici. Il détestait l'idée d'avoir brisé sa sérénité en lui introduisant ses propres malheurs. Quel imbécile. Comment peut-être éprouver de l'affection pour lui ?
« Est-ce que je vais mourir ? » : demanda Kaeso en essayant de ne pas trop remuer les lèvres, car son visage est une souffrance à lui tout seul.
Il doit économiser son souffle, il le sait... ne pas se perdre en paroles inutiles tant qu'il n'est pas tiré d'affaire... |
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