Dionysos se frottait les mains, avant de saisir à la volée une flute de champagne du plateau de l’un des serveurs au corps magnifiquement moulé dans son costume trois pièces. Ah, qu’il aimait organiser ce genre de réjouissance. Des soirées à thème, les masques avaient sa faveur depuis bien longtemps. Depuis toujours presque d’ailleurs, ces derniers lui rappelant l’un de ses domaines de prédilection, le théatre, la tragédie. Les gens dévoilaient souvent plus facilement leur vrai visage derrière un masque, pensant protéger leur identité derrière une simple bande de tissu.  Tous les excès étaient osés. C’était délicieux.

Il avait déjà balayé la salle du regard plusieurs fois, contemplant d’un air gourmand l’assemblée riche dotée en hommes et femmes tous plus beaux et apprêtés les uns que les autres. Parmi eux il y avait des dieux, des déesses, de semis divinités, mais aussi des créatures de tous les horizons, sans distinction de race ou de rang. Leur seul point commun était un gout démesuré pour la fête. Et évidemment d’être fantastiquement attirants. Après tout, il fallait parfois se faire plaisir dans la vie, et il y avait assez de richesse sur Néméil pour se permettre parfois de jeter un peu d’argent par les fenêtres et de flamber un peu. Il avala sa coupe d’un trait, pour se mettre en jambe, faisant la bise à la chaine à ses invités, tous s’extasiant de la splendeur de la salle, de la subtilité de la décoration, de la finesse des fleurs, de la nourriture, du vin, de la lumière.  Ce genre de compliments l’amusait, mais ne le touchait pas vraiment : la fête était son essence même, il n’avait aucune gloire, aucun mérite à en organiser, il était Fait littéralement, pur ça ! C’aurait été un comble qu’il ne se montre pas à la hauteur de son rang tout de même.

Après quelques courtoisies d’usage, il s’était défait de la nuée de Socialites qui l’entouraient, pour rejoindre une personne à qui le costume et le masque allait encore mieux qu’aux autres : Antero le scandinave, l’homme du nord qui pourtant se révélait chaud comme la braise ce soir. Son visage masqué était marqué d’un sourire franc quand le dieu grec s’approcha de lui, ne pouvant s’empêcher de le complimenter sincèrement alors qu’il l’étreignait Brièvement :

- Bonsoir le Nordique, et bien, ça te sied plutôt bien d’être habillé, ça te change, mais c’est tout aussi appréciable ! j’espère que tu n’as pas eu à vendre ta maison ou ton corps pour te permettre tant d’élégance !

Oui oui, chez Dionysos, ce genre de remarque s’apparentait à un compliment, un beau, un vrai. Il suivit son ami au bar, puis à une table, ne manquant pas de saluer ses convives, qui devaient surement baver déjà de voir deux des hommes les plus prisés de la soirée ensemble. Ils n’allaient plus en pouvoir si le troisième acolyte allait débarquer. Il ouvrit la bouteille et servit prestement un verre à Antéro, furetant de son regard clair derrière son loup noir en velours.

- Evidemment, le romain est en retard… En espérant qu’il ne s’est pas fait tué en chemin dans un esclandre.  Pire, qu’il arrive couvert de sang. Ça salirait les tapis.