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Ô Grand moi Relations: Race & Mythologie: Déesse nordique des Mariages Pouvoirs:
Sujet: Far from home | Thor Dim 2 Juin - 17:25
Sif & Thor
« Le mal du pays, c'est s'ennuyer de ces rares personnes qui nous comprennent à demi-mot. » - Bernard Arcand
Sif fit rouler le galet entre ses doigts, laissant la relative fraîcheur de la pierre imprégner sa paume. Même avec le soir tombant, le Quartier Sud demeurait moite, comme piégeant la chaleur sans songer à la restituer, tel un avare veillant sur sa précieuse cassette. Une autre prisonnière, comme si sur cette île, rien ne pouvait réellement y échapper...
Chassant à nouveau cette impression pernicieuse qui menaçait de grandir en son coeur, la déesse d'un souple et véloce mouvement projeta le caillou loin devant elle, le regardant effectuer un bref vol plané dans l'air du début du crépuscule avant de heurter la surface de l'eau et de ricocher à trois reprises, coulant enfin inexorablement comme l'avaient fait tantôt ses pairs. À chaque jet, elle tâchait de se vider la tête, d'attacher à l'élément minéral ses pensées les plus moroses, mais celles-ci revenaient, presque de façon irritante. La soirée avait pourtant bien commencé : comme tous les soirs, l'Asyne avait pris place dans la salle commune, autour de la longue table de chêne rassemblant à chaque dîner la plupart des divinités scandinaves, selon leur envie et leurs obligations. Pourtant, aucune journée ne se concluait sans voir cette pièce animée de conversations, de récits et de rires, occasion de se retrouver entre connaissances, entre gens du même monde, et de ranimer l'esprit de franche camaraderie ayant égayé le palais d'Odin durant des millénaires. ç'avait été avec plaisir que la jeune femme avait pris place aux côtés de ses pairs, écoutant les nouvelles du jour, les nouvelles rencontres relatées, et bien sûr goûté à tous les plats proposés, issus de la gastronomie asgardienne respectée autant que possible avec les moyens offerts par Némeïl. Pourtant, aussi inexplicablement que subitement, lorsqu'au cours du dessert ses lèvres allaient se poser sur la tendre peau d'une pomme, un brusque vague à l'âme s'était emparé d'elle, éteignant la bonne humeur dans ses yeux, et rendant son coeur aussi lourd qu'un bloc de marbre. Pourquoi cet assombrissement ? Impossible à dire ; tous alentour continuaient de pérorer, de se répondre ou de se partager pâtisseries et crèmes, comme si de rien n'était, comme si le monde avait continué à tourner sans elle. Sif s'était alors éclipsée une fois les agapes finies, sans parvenir à se résoudre à mimer de l'intérêt ou du plaisir à écouter ses compatriotes. Sans un mot, elle avait quitté le bâtiment, à la recherche de solitude et de silence.
La cause de ce mal-être ? La déesse des Mariages ne la connaissait que trop : cette sensation d'être trop loin survenait parfois, brièvement quoi qu'avec la même précision qu'un coup d'estoc, alors que la demoiselle parvenait, en un moment de joie ou d'amusement, qu'elle n'était pas dans son pays natal. ça ne suivait presque aucune logique, ça ressemblait presque à une cruauté de la part de son inconscient, d'ainsi lui rappeler avec une franchise glacée que tout ceci ne tenait en rien d'un quelconque bonheur ; le manque demeurait le même, à combattre et à cacher évidemment, car la guerrière qu'elle était ne se permettait aucune faiblesse, encore moins en compagnie de ses amis et proches. Non, elle avait choisi une voie difficile où, pour prouver sa valeur et agir comme elle l'entendait, l'Asgardienne se devait de ne point baisser la garde, à aucun moment. Rares étaient pourtant ceux qui auraient oser en profiter... Mais il s'agissait d'un code créé et accepté par elle-même, sa conscience et son tempérament de fer refusant de n'être qu'une femme sujette aux tourments sentimentaux de ce sexe si faible, peut-être justement brimé par les hommes à cause de cette sensiblerie condamnable. Un fer cependant tremblant parfois...
Afin de lutter résolument contre ce cafard inacceptable, Sif avait donc pris la direction du Quartier des Egyptiens, assez dépaysant pour, d'après elle, refouler au fond de sa mémoire les images de plaines enneigées et de palais d'or. Quoi de moins ressemblant à Asgard que cette portion de la ville, de par son climat autant que ses habitants, ses us et coutumes, son architecture ! Ses pas l'avaient guidée jusqu'au bord du ruisseau nommé Nil, un lieu calme à cette heure, souligné par le rouge sang du soleil se couchant entre les joncs. Sekhmet lui avait montré ce refuge après un de leurs entraînements, afin de s'y délasser un peu, et ç'avait été sans mal que sa camarade en avait retrouvé le chemin, perdue dans ses pensées. L'exercice des ricochets lui avait paru un temps une bonne idée, avant de lui rappeler ses années d'enfance, innocentes et insouciantes, au bord d'un autre point d'eau... Maudite île ! Ce que Sif aurait donné pour rentrer... Mais c'était impossible, impossible de s'en aller, encore plus en abandonnant tous les autres ici. Avec humeur, l'Asyne lançant de toutes ses forces le galet, sans même tenter de lui donner un effet ; dans une gerbe d'eau sombre, il ne lui apporta ni réconfort ni réponses.
Non, décidément, ça n'était pas la solution. Butée, la déesse s'assit sur la rive, jambes repliées contre elle, bras entourant ces dernières et menton posé sur les genoux, luttant intérieurement au point de durcir son âme au point de tenter de la rendre aussi inflexible que du diamant. C'était trop bête, d'ainsi s'attrister pour un rien ! Au loin, ses semblables buvaient et chantaient, et elle, elle demeurait là, à se morfondre sur leur sort commun, ne parvenant à réchauffer son âme à l'aide des bons moments vécus depuis son arrivée, des autres dieux et déesses rencontrés grâce à cet exil. Asgard, bel Asgard, quant te reverrai-je...
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Dernière édition par Sif le Lun 3 Juin - 15:58, édité 1 fois
Thor
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Sujet: Re: Far from home | Thor Lun 3 Juin - 15:34
Far from home Ft. Sif & Thor
Avoir vu sa fille, lui avoir parlé, s'être rendu compte à quel point elle lui était semblable, tout cela avait plongé le nordique dans une réflexion de laquelle il peinait à sortir. S'il détestait cette île pathétique et bien trop petite pour tout les divinités qu'elle accueillait, il devait bien avouer que sans ça, il n'aurait jamais été voir Thrùd, et encore ! C'est seulement parce qu'elle s'en était prise à son amie Perséphone. Son père avait peut-être raison, il manquait de discernement et il serait temps qu'il agisse en personne responsable. Quel père abandonne son enfant ? Après tout, lui-même était un bâtard et pourtant, Odin avait toujours été là, s'en était toujours occupé et il lui léguerai même le trône et tout ce que ça implique quand le moment sera venu. S'il avait toujours pensé qu'il était prêt à lui succéder, aujourd'hui il avait quelques doutes. Pourtant et comme à son habitude, il n'en avait rien laissé paraître et toujours avec son assurance que certains nommaient "hautain", il avait rejoint les siens en ce début de soirée pour profiter du dîner qui s'étendrait jusque tard dans la nuit.
Ces soirées, Thor les attendait avec impatience. Généralement, il en profitait pour boire plus que de raison, histoire d'oublier cette misérable existence sur Néméil, ou en tout cas pour la rendre moins dramatique. Sa seule consolation ? Savoir que d'autres pensaient comme lui. Loki par exemple, et bien qu'il n'ait qu'une confiance limitée en lui, prétendait même savoir comment quitter l'île. Cette affirmation n'avait pas laissé Thor indifférent et il y pensait souvent. Certes, le dieu de la foudre ne se faisait pas trop d'illusion, surtout qu'on parlait de son fourbe de frère, mais l'espoir était ici un luxe donc chaque poussière avait son importance. D'ailleurs, il comptait bien lui en toucher un mot ou deux. Thrùd de son côté, lui avait aussi confié qu'elle détestait cet endroit et qu'elle se languissait d'Asgard. Les humains avaient trouvé le moyen de se débarrasser des dieux, et Thor en ignorait la raison, mais une chose était sûre maintenant, si jamais ils parvenaient à rentrer chez eux, sa vengeance serait telle qu'il ne resterait aucune humain sur terre. Il les exterminerait jusqu'au dernier, il s'en faisait la promesse. Il avait toujours été impulsif, c'était un fait démontré et avéré depuis des millénaires maintenant, mais jamais encore rage et amertume ne s'étaient accrochés à son âme de la sorte. Peut-être à cause d'un fond de tristesse, sentiment qu'il n'avait jusqu'alors jamais expérimenté ?
Installé aux côtés de son père, Thor donnait le change à tous, souriant et amical comme on l'avait toujours connu, et se permettant même de l'humour. Tout en parlant avec certains Asgardiens, il avait remarqué l'attitude changeante de Sif et il eut alors l'impression qu'elle aussi ne se sentait pas à sa place ici. Ils n'en avaient jamais réellement discuté et ces derniers temps, occupé à passer du temps avec Thrùd, il avait peut-être effectivement délaissé un peu son amitié avec l'asyne. Il savait au fond de lui que ce n'était pas la seule et unique raison, mais il n'avait guère envie de regarder la réalité en face, pas maintenant alors qu'ils n'étaient plus chez eux. Toujours est-il que le nordique se promit d'aller lui parler à la fin du festin. Le temps passa et finalement, peu à peu dieux et déesses prenaient congé pour regagner leurs appartements. Lorsqu'il vit Sif s'en aller, le fils d'Odin se décida à quitter les lieux lui aussi mais fut retenu par Vali qui avait une requête à lui porter, à laquelle il tenta de répondre le plus justement possible mais surtout le plus rapidement. S'empressant de mettre fin à la discussion, Thor faillit rater la déesse qu'il vit marcher en direction du Sud et plutôt que de l'interpeller, il se contenta de lui emboîter le pas silencieusement. Si ça se trouve, elle avait rendez-vous avec un autre habitant de l'île et si c'était le cas, il aimait autant ne pas la déranger tout en sachant ce qui pouvait se passer derrière son dos. Ça aussi Thor avait bien du mal à l'accepter. Sif, Loki et lui ne formaient plus ce trio inséparable d'autrefois, Loki ayant choisi une pente glissante et Sif se faisant des amis parmi les autres divinités. Pourtant il n'avait aucune raison d'être jaloux, et surtout aucun droit. Lui-même passait du temps avec sa fille retrouvée et il ne demandait la permission à personne. Il ne fallait donc pas qu'il s'attende à ce que les autres le fassent, et Sif encore moins.
L'asyne arriva dans le quartier égyptien après plusieurs dizaines minutes, le dieu scandinave toujours sur ses talons. Elle s'arrêta près de l'eau et, s'asseyant là, se mit à jouer avec des galets, les ramassant avant de les jeter dans le ruisseau. Thor s'était arrêté lui-aussi, à plusieurs mètres d'elle et il la regardait faire. Au bout de quelques minutes, il finit par se dire qu'elle n'attendait personne et qu'il pouvait y aller et qu'au pire, il pourrait toujours envoyer l'importun sur les roses. Depuis quand il en avait quelque chose à faire des autres ? Cette île le ramollissait... S'approchant d'elle, il ne fit aucun effort particulier pour camoufler sa présence et s'arrêtant à côté d'elle, le regard perdu dans l'onde, il se tut un instant, avant d'avancer un « Étrange quartier ou te trouver, Sif. » compatissant. Lui de son côté, avait plutôt tendance à noyer son désarroi dans l'hydromel ou en parcourant encore et encore les rares montagnes de l'île. Il s'arrêtait aussi de temps à autre dans le quartier Grec ou demeurait son amie Perséphone. D'ailleurs, cet endroit était particulièrement désolé ce qui lui rappelait leur espace d'entrainement. Contrairement à ce que semblait faire l'asyne, Thor avait plutôt tendance à vouloir se perdre dans ce qu'il connaissait, c'est-à-dire les combats et les festins.
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Sujet: Re: Far from home | Thor Mar 11 Juin - 16:57
Alertée par le crissement du sable, Sif releva la tête, ses réflexes de bretteuse lui collant trop à la peau pour l'abandonner ne serait ce qu'un instant, même lorsque quantité de pensées bien différentes du calme l'habitant lors d'un duel paraissaient capables de la couper du monde sensible. Ce fut cependant son seul mouvement, sans réelle tentative de défense : à quoi bon ? Il n'y avait aucun réel péril sur cet îlot, si ce n'était les caprices de la nature ainsi que les orgueils de chacun à tempérer au mieux ; aussi vaste paraisse la forêt, aussi impénétrables soient les montagnes, un océan insondable les entourait, les barricadait aussi bien physiquement qu'intellectuellement. Il pouvait parfaitement sembler paradoxal d'éprouver un sentiment de claustrophobie dans un espace ouvert, alors qu'une bise faisait doucement trembler les tiges des joncs entre ses doigts invisibles et qu'aucun mur n'arrêtait son regard quelle que soit la direction, mais c'était pourtant le cas. Ah, comme les combats contre les monstres peuplant Asgard donnaient l'impression de remonter à des siècles ! Grâce au Pont Arc en Ciel gardé par l'attentif Heimdall, les huit autres mondes portés par Yggdrasil se trouvaient alors à portée de main ; le temps de retenir votre souffle, et vous vous retrouviez nez à nez avec un elfe d'Álfheim, ou face aux sommets enneigés de l'inquiétant Jötunheim... Tant d'aventures qui vous tendaient les bras, de légendes dont la véracité restait à déterminer, de contrées à explorer, ou encore de quêtes à mener ! Némeïl, aussi accueillante puisse-t-elle être, tenait lieu de pâle copie ne tenant pas la comparaison, ne laissant plus à l'entreprenante Sif que l'ennui, l'interminable et pesant ennui de tourner en rond sur une terre bordée d'eau dont elle aurait sous peu fait mille fois le tour.
Cependant, cette exploration répétitive pourrait se révéler bien plus enrichissante si à ses pas se conjuguaient ceux de l'homme qui venait de paraître à ses côtés, l'arrachant à la morne contemplation de l'onde. Les chemins se feraient plus longs au rythme de conversations aussi animées et enjouées que celles partagées dans les jardins royaux, les perspectives s'élargiraient rien qu'en regardant son regard bleuté animé de malice amicale, et les paysages ne seraient que plus beau avec sa présence auprès d'elle, comme le souvenir vivant d'un monde ayant bel et bien existé, d'un avenir possible, à envisager sans mort dans l'âme. Alors que ses yeux remontaient jusqu'à ceux de Thor, l'écrasante stature du Dieu s'opposait à sa propre personne, en position assise, et athlétique quoi que frêle, une carrure lui donnant l'air, vue d'en bas, d'un géant paisible, d'un monolithe protecteur que même un tremblement de terre ou un raz de marée ne sauraient faire bouger sans son consentement. Pour beaucoup, le maître de la foudre impressionnait par cette image de brute épaisse qui cachait en réalité un véritable sens de l'honneur et de la justice, aussi déroutants puissent être son emportement ou son égo prenant parfois le dessus. Non, tel le roseau côtoyant le chêne, Sif se sentait en sécurité avec lui ; peut-être pas encore au point de baisser durablement sa garde, mais assez pour ne pas de suite se relever et faire comme si de rien n'était, et jouer les dures à cuir devant tout autre sinon lui lorsque ça allait mal. Thor était un roc, mais sur lequel l'on pouvait s'appuyer sans gêne ni méfiance ; cette facette, peu acceptaient de la voir, ou tout simplement y avaient accès, et la déesse, se sachant privilégiée, ne l'appréciait que plus.
Un maigre sourire ourla un instant sa bouche, avant que ses iris noisette ne se reposent sur le Nil, relâchant ainsi la contrainte sur sa nuque :
-Il m' a été montré par une compagne d'armes. Cet endroit est nommé Champ d'Ialou par les Egyptiens, c'est un peu le Valhöll de ce peuple du soleil...
Un endroit de paix et de repos pour ceux ayant quitté la sphère des vivants, après avoir subi les affres de la vie ainsi que du trépas, une sorte de paradis, copie de celui auquel espéraient accéder les humains une fois leur courte existence parvenue à son terme, et dont les portes ne s'ouvraient que pour les plus braves Asgardiens d'entre tous. Un grand honneur, et surtout la fin de tout tracas, de toute douleur... L'Asyne n'avait jamais, au grand jamais éprouvé d'attrait pour la mort en tant que telle, se contentant d'espérer mener une vie assez digne pour lui permettre d'atteindre le jour venu ce sanctuaire légendaire ; pourtant, sur Némeïl, une tranquillité de cet acabit devenait un rêve impossible, le mirage d'une oasis dans le désert. Sans compter qu'à cette époque de l'année devait bien se célébrer quelque cérémonie en l'honneur des valeureux guerriers tombés au champ d'honneur, des fêtes très appréciées par les sujets d'Odin, des célébrations que ni Sif ni ses amis ne partageraient cette année... Et combien de suivantes ? Leurs compatriotes restés en Asgard organiseraient-ils malgré tout ces immenses festivités réunissant tout le Royaume, la mort dans l'âme du fait des absents leur manquant cruellement, ou s'abandonneraient-ils plus que jamais au chagrin d'avoir perdu sans explications tant des leurs ? Les imaginer malheureux blessait la demoiselle, si âprement...
Allons, un peu de tenue. Si son masque de flegme s'écaillait, Thor fuirait loin de toute cette mélancolie si peu en adéquation avec son caractère débonnaire... Quoi que la belle conservât la secrète certitude qu'il ne la laisserait pas, pas en la sachant préoccupée. Cette simple pensée apportait une touche de douceur à son affliction passagère...
-Tu devrais retourner auprès des autres, lui conseilla-t-elle gentiment. Ta présence va leur manquer, et tu vas rater la fin de la soirée.
Oui, parce qu'ici, il n'allait vraiment pas s'amuser... Oh, mais reste, reste, demandait silencieusement son coeur, comme le voyageur en pleine nuit se dirigeant vers l'aurore comme mué par le besoin viscéral de trouver de la lumière ; c'aurait pourtant été égoïste de le formuler de vive voix, si bien que l'Asgardienne n'en dit pas plus, le laissant libre de rebrousser chemin, ou d'au contraire s'asseoir à ses côtés, face au ruisseau.
Thor
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Sujet: Re: Far from home | Thor Sam 15 Juin - 19:55
Far from home Ft. Sif & Thor
Remarquant sa présence, Sif se tourna vers lui, visiblement plus par curiosité que par réel geste auto-défensif. Pour dire que l’île regorgeait de nouvelles divinités, elle ne semblait pas plus inquiète que cela et Thor n’aurait su dire si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Ce qu’il y avait de sûr, c’est qu’elle semblait avoir le mal du pays, tout comme lui. Moment délicat pour le dieu, il ne savait comment se comporter devant celle qui devenait plus qu’une simple amie d’enfance à ses yeux, d’autant que l’asyne détestait montrer ses failles. Il lui semblait être une mauvaise idée d’aborder le fait qu’elle se sente mal, mais pourtant s’il était là à ce moment précis, c’était bien parce qu’il avait remarqué qu’elle avait changé depuis son arrivé ici. Et si c’était probablement le cas de tout le monde, tout le monde n’était pas Sif, guerrière émérite et précieuse amie du nordique. Alors oui, il s’inquiétait pour elle, sans doute bien plus qu’il ne se l’avouait. Arrêté à ses côtés, le regard posé sur la légère houle de la rivière que provoquait une imperceptible brise, Thor resta un quelques instants à admirer ce paysage qu’il découvrait pour la première fois. Il était venu ici quelques fois, après sa rencontre avec Maât, une déesse égyptienne qu’il appréciait tout particulièrement, mais jamais il n’était resté à admirer le paysage, supportant plutôt difficilement ce climat trop ensoleillé, d’ailleurs, il était bien heureux que ce soit le soir et que la température ait quelque peu redescendu. Ainsi, il pourrait passer du temps avec son amie sans être distrait par les rayons bien trop insistants de l’astre du jour. Parlant de Sif, son regard aussi limpide que l’onde croisa les yeux noisettes de la belle brune au moment ou celle-ci regardait dans sa direction, ou il s’accrocha avant qu’elle ne le gratifie d’un mince sourire et qu’elle ne retourne à la contemplation de l’horizon.
Il m' a été montré par une compagne d'armes. Cet endroit est nommé Champ d'Ialou par les Egyptiens, c'est un peu le Valhöll de ce peuple du soleil... expliqua-t-elle au dieu de la foudre qui s’étonnait de sa présence en ce lieu si… contraire à ce monde d’où ils venaient. Mais inutile d’avoir la connaissance et la perspicacité d’Odin pour comprendre que l’asyne recherchait très probablement un lieu complètement inverse à celui qu’elle connaissait pour tromper sa tristesse. Rester dans le quartier nordique, c’était se rendre sans cesse à l’évidence de tout ce qu’ils avaient perdu, peut-être à jamais. Alors qu’en venant ici, dans un espace étranger, c’était comme être en voyage, être partit à l’aventure. L’espoir se faisait ainsi plus fort en étant ailleurs. En fermant les yeux, on pouvait se dire que ce n’était qu’un songe, une illusion, et que bientôt tout rentrerait dans l’ordre. Si seulement… Cela dit, Thor accueillait l’attitude de la déesse comme un privilège. Il était en effet bien rare de voir Sif baisser sa garde, car d’ordinaire elle ne permettait jamais à personne de remarquer ses fragilités, faisant même douter qu’elle en ait. Mais là, elle décidait de tomber le masque et d’être elle, tout simplement. Intéressant, fut tout ce qu’il réussi à dire. Il hocha néanmoins la tête, démontrant qu’il pensait vraiment ce qu’il disait. Oui c’était intéressant. Bien que venant tous d’endroits différents, leurs pouvoirs, leurs missions parmi les humains étaient finalement les mêmes dans chaque mythologie. La forme changeait, mais pas le fond. Tu devrais retourner auprès des autres. Ta présence va leur manquer, et tu vas rater la fin de la soirée. Perdu dans ses pensées, Thor ne s’était pas rendu compte qu’il n’était pas aussi bavard qu’à l’accoutumer et qu’il s’était terré dans un silence qu’il ne s’autorisait généralement que lorsqu’il était en face-à-face avec lui-même. Il semblerait que lui aussi baissait sa garde et qu’il tombait le masque, comme l’asyne avant lui. Aucune importance, ils se passeront de moi. Et sans plus attendre, il s’installa aux côtés de la brune, tentant de faire abstraction de cette gêne qui avait prit racine en eux depuis peu. Ses yeux azur à nouveau perdu dans le vague, il s’émerveilla un moment du coucher de soleil qui s’offrait à eux, avant de chercher ce qu’il était sensé dire. La tâche lui incombait, car c’était lui qui venait en ami consolateur et accessoirement parce que c’était son rôle de toujours donner l’espoir d’un jour meilleur, son rôle de protecteur. D’habitude il trouvait aisément les bonnes paroles rassurantes pour remotiver ses interlocuteurs, son assurance en l’avenir étant inébranlable. Mais sur cette île, il semblait avoir perdu ses mots, ou peut-être était-ce la présence de Sif qui le perturbait et remettait tout en cause ? Bien décidé à venir en aide à la belle autant que ça lui était possible, il jeta un regard furtif vers elle avant d’en revenir au bleu transparent de la rivière. Asgard me manque terriblement. Heureusement cette île recèle des splendeurs qui aident à accepter nos conditions. Les magnifiques couleurs de ce coucher de soleil par exemple... Étrange, sans doute, de la part du dieu de parler aussi franchement, sans cacher ses sentiments quand au fait de se retrouver prisonnier de Néméil, mais il était à peu près sûr que ça inciterait l’asyne à en faire autant, en voyant que lui-même mettait son ego de côté. L’heure n’était pas à celui qui cacherait le mieux son malaise, mais plutôt à se serrer les coudes et à avancer ensemble, en tendant la main à l’autre. Ils étaient certes des guerriers, mais ils étaient aussi et avant tout des amis, et les amis veillent sur ceux qui leur sont chers, et Sif était tout particulièrement précieuse à l’asgardien. Dans ces « splendeurs » qu’il évoquait, il pensait aussi à la brune assise à ses côtés. Néanmoins, avant d’en dire davantage, Thor préférait attendre la réaction de l’asyne car si elle ne désirait pas avoir ce genre de conversation, alors il changerait de cap. Sinon, il se faisait confiance pour trouver les mots qui assécheraient sa mélancolie.
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Sujet: Re: Far from home | Thor Ven 28 Juin - 16:38
Et il s'assit. Cela pouvait tout à fait paraître bien peu à vos yeux, un simple acte de bienveillance parfaitement classique, voire banal, et suivant un scénario mille fois rebattu. Deux amis discutant devant un beau paysage... Avouez que cela ne bouleverserait pas l'ordre de L'univers, aucune légende ou récit épique ne serait transmis de génération en génération à propos de cette fin de journée-là ; cela n'aurait même interpellé quiconque se serait promené sur les bords du Nil, et le promeneur solitaire aurait continué sa route sans les interrompre, à pas de loup pour ne point rompre cet instant, et peut-être en arborant un léger sourire entendu. Pourtant, comme Sif s'en réjouit ! Certes, tous leurs problèmes demeuraient désespérément actuels, et aussi agréable que soit Thor, il ne possédait malheureusement pas le pouvoir de faire de cette réalité un rêve lointain dont l'éveil serait le remède. Mais il possédait une autre magie, plus rare, qu'il avait commencé à soupçonner en prenant confiance de la sincérité inhabituelle avec laquelle l'Asyne s'adressait à lui : celle reliant les âmes semblables d'un invisible, tenue, quoi que si semblable à la flamme d'une bougie : fragile d'une part, incandescente malgré tout.
Alors oui, admettons-le, Sif fut ravie de se savoir dotée d'assez d'importance à ses yeux pour supplanter une bonne beuverie en compagnie de leurs bourrus compagnons, ou encore une nuit passée autour du feu à comparer leurs prouesses. Lorsqu'on parvenait à s'ôter de l'esprit que ses activités n'étaient que la pâle copie de leurs habitudes passées, il n'y avait pas plus sympathique, la guerrière en convenait sans mal ! Sa nature de femme jouait toutefois de trop en sa défaveur, malgré ses efforts répétés pour la camoufler depuis toujours ; et son coeur parlait, il lui racontait la beauté d'Asgard, la douleur des familles déchirées, mais aussi à quel point avoir Thor avec elle lui faisait du bien, tout simplement. Femme, Sif l'était, ça oui, malgré elle : si elle s'était observée de l'extérieur, comme elle se serait jugée durement, à ainsi s'égayer telle une midinette, une ingénue gamine au coeur réchauffé de gaité alors que tout ou presque autour d'elle inspirait la retenue. C'était bien elle dans ce corps, aussi étrange que cela paraisse, et déjà, elle ressentait inconsciemment cette force obscure l'attirant auprès du Dieu, une tranquillité de l'âme la poussant à vouloir plus encore de cette félicité latente... Elle aurait détesté qu'on lui associe des mots tels que "douceur de miel", "bref soupir d'une conscience attendrie", ou tout autre idée ayant un rapport de près ou de loin avec un champs de fleurs nimbé d'une délicate lumière printanière... Ciel, que l'amour rendait idiot ! Trop de rose, trop de sucré, trop de mièvrerie, au secours, qu'on lui montre un champ de bataille, un combat de lutte ou une course d'orientation en pleine forêt avec les mains attachées dans le dos, afin de lui dépolluer la tête. Voilà que la déesse aurait dit, si elle s'était regardée, si elle avait pu voir son âme et y trouver une tendre braise ravivée par le simple fait qu'un homme, techniquement, se plie et se laisse tomber souplement sur son séant à quelques centimètres. Pas besoin d'être un immense magicien pour maîtriser -ou être victime, selon le point de vue-, des artifices de la tendresse naissante. Du vide demeurait entre eux, mais c'était comme s'il avait été d'ores et déjà comblé, par l'énergie significative qu'ils partageaient, par des forces fondamentales qu'ils ne reconnaissaient pas encore.
La confession stratégique quoi que touchante de l'ancien propriétaire de Mjolnir alluma une lueur amusée dan son regard, qui n'avait rien de moqueuse, au contraire :
-Suis-je donc si aisément cernable, fils d'Odin...? lui demanda la jeune femme avec malice, usant de ce discernement féminin si bien connu auquel les hommes, pris à contre-pied, ne s'habituaient jamais tout à fait.
ç'aurait pu être une contre-attaque ironique ayant pour but assumé de le déstabiliser, si Sif n'était pas si coutumière de l'amicale taquinerie en compagnie de son ami de toujours. Non, en réalité, elle lui était reconnaissante de prendre la peine de sacrifier son amusement -comment imaginer qu'il appréciait vraiment de rester là à la contempler se noyer dans ses pensées, plus que de boire avec de joyeux lurons !-, et plus encore de tâcher de donner dans la subtilité pour ne pas que son interlocutrice se sente reléguée au rôle de la victime fragile. Remarquez que l'Asyne aurait pu user de cela en sa faveur, jouer à celle qui ne comprenait pas où il voulait en venir pour qu'il continue à chercher à lui remonter le moral sans clairement le montrer... Il existait donc au moins une côté positif à ne pas être consciemment féminine : pas de robes majestueuses ni de manières délicates, ce qui parfois ne la mettait pas en valeur, mais la masculinité lui apportait la franchise et la droiture de caractère faisant de l'Asgardienne une personne nullement intéressée par ce genre de petites manipulations égocentriques si prisées des nobles damoiselles.
-Mais je ne puis que t'approuver, avoua la Nordique, toute espièglerie disparue, et une gravité austère ayant même remplacé le "simple" abattement de ses premières phrases. Et quand bien même Néméïl aurait-elle d'innombrables qualités, ce que je concède... Il reste tant de questions sans réponses. Des questions que même les plus puissants d'entre nous ne peuvent résoudre, contre lesquelles même les plus sages restent silencieux. Elles sont là, comme des pierres dans un bagage.
Aucune plage isolée, aucune montagne enneigée, aucun coucher de soleil n'apportait d'aide ou d'indice, et cela la rongeait, vraiment. Etonnant, comme son coeur pouvait sombrer, puis s'élancer à nouveau vers le soleil lorsque Thor apparaissait, pour la seconde suivante rentamer une prompte descente... La jeune femme baissa la tête, ses lèvres plissées par une moue dure, soulignée par des sourcils inconsciemment froncés. Non, Sif ne pleurerait pas, elle ne pleurait jamais. Mais il fallait avouer que cette histoire d'exil pesait lourd par instants, vraiment lourd.
Thor
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Sujet: Re: Far from home | Thor Lun 1 Juil - 16:54
Far from home Ft. Sif & Thor
C’est étrange lorsque, loin de chez soi, on se prend à ouvrir des yeux nouveaux sur ce qui nous entoure. Les fleurs sont toujours des fleurs, le soleil est toujours le soleil, les oiseaux des oiseaux et pourtant... Pourtant on se remet à apprécier ce que l’on tenait pour acquis, et ce dont on ne prêtait plus même attention devient plus précieux. Le goût des choses est plus intense, plus authentique. Est-ce qu’être arrivé sur Néméil était finalement un mal pour un bien ? Une sorte de purgatoire pour que les dieux apprennent de cette sanction, se défassent de leur orgueil et redeviennent des guides ? Si c’était le cas, alors il y avait de toute évidence une grande faille dans le système. Car si certains dieux étaient méprisables tant par leur moral que par leur défaut, tous ne l’étaient pas. Thor était peut-être effectivement impulsif et arrogant mais il était surtout un fervent défenseur des humains. Après tout, n’était-ce pas en son nom que les prières se faisaient et en son nom qu’on enterrait les morts pour qu’il veille sur leurs âmes ? Parmi les plus grandes divinités du peuple scandinave, Thor était le plus apprécié pour son abnégation et son sens aigu de la justice, alors que faisait-il ici si on cherchait à redresser les dieux ? Et dans le même ordre d’idée, que faisait ici Sif qui l’avait toujours soutenu et qui était un exemple de détermination et de droiture ? Et Freyja ? Douce et aimante ? Non, pour l’asgardien les choses étaient sûres et certaines : leur exil n’avait rien de juste ni d’équitable et sa colère était donc toute légitime. Pourtant, Sif semblait en cet instant encore plus touchée par leur arrivée ici, ce qui, Thor devait bien l’avouer, l’étonnait un peu. Peut-être était-ce par que l’asyne n’avait jamais montré de faiblesse – si de faiblesse l’on pouvait parler – devant lui ? Il se rendit compte alors qu’il n’était pas le seul à en souffrir et qu’il était tant qu’il cesse de s’apitoyer sur son sort pour regarder alentours. D’autres que lui en souffraient en silence, et son rôle de prince était de donner de l’espoir, pas de leur ôter !
Suis-je donc si aisément cernable, fils d'Odin... ? demanda la belle guerrière. Thor sourit devant la malice de cette réplique avant de mimer un « juste un peu » de la main. Certes, Sif n’était pas du genre à étaler ses sentiments devant tout le monde, à tel point qu’elle pouvait paraître dure, insensible ou inflexible. Mais le nordique n’était pas stupide et il la connaissait bien plus qu’elle ne le devait le soupçonner. Depuis combien de temps les deux scandinaves se connaissaient-ils ? De longs millénaires durant lesquels ils avaient appris à se connaître toujours plus, devenant des amis inséparables qui étaient toujours sur la même longueur d’onde à tel point que juste un regard, un geste, leur permettait de communiquer et de se comprendre. Alors c’est vrai que qu’elle baisse sa garde ou non, il savait toujours ce qu’elle pensait et ressentait, au moins sur les choses les plus importantes et les plus profondes. Mais il est vrai aussi qu’il ne prétendait pas tout connaître d’elle, de même qu’elle ne connaissait pas tout de lui, du moins c’est ce qu’il pensait. Mais je ne puis que t'approuver. Et quand bien même Néméïl aurait-elle d'innombrables qualités, ce que je concède... il reste tant de questions sans réponses. Des questions que même les plus puissants d'entre nous ne peuvent résoudre, contre lesquelles même les plus sages restent silencieux. Elles sont là, comme des pierres dans un bagage. En cette phrase Sif résumait tout ce qui accaparaient et troublaient son esprit, mais Thor ne savait que répondre, car elle avait raison. Effectivement, même Odin qui avait sacrifié un œil pour avoir la connaissance universelle ne savait comment rentrer chez eux, ou même répondre à d’autres questions plus simples dont pourtant les exilés auraient cruellement besoin d’en connaître la réponse. Je suis persuadé que les réponses viendront en temps et en heures, mais peut-être est-il encore trop tôt pour nous de les connaître ? L’asgardien ne pouvait que spéculer et tenter de peindre le présent en arc-en-ciel, à défaut d’avoir de réels espoirs à lui donner. Mais peut-être-ce mieux que rien… C’était aussi un exercice difficile car si lui sa rage vindicative le maintenait debout et en pleine forme, ce n’était pas la même chose pour Sif qui semblait porter en elle une immense tristesse. Lui qui était un guerrier et qui ne l’avait jamais vu dans cet état, comment était-il sensé réagir ? Et que lui dire ? Il ne connaissait que l’art du combat, ou presque, et c’était sans doute dans ce registre qu’il avait le plus de chance de trouver une idée, une phrase, qui aiderait la brune à relever la tête avec le sourire. Sif regarde-moi, lui demanda-t-il avec douceur en posant une main réconfortante sur son épaule. Combien de fois l’adversité nous a-t-elle frappées ? Combien de guerre avons-nous connu ? Combien de combat avons-nous livrés ? Et pourtant nous sommes toujours là aujourd’hui. Rien ne nous a jamais jeté à terre de manière définitive alors même que parfois l’espoir s’était éteint. Mais nous étions là et jamais nous ne nous sommes laissés envahir par le découragement quand certains nous traitaient de fous et d’utopistes. Ce que nous vivons présentement est peut-être une autre sorte de combat, mais de cela aussi nous sortirons vainqueurs. Fais-moi confiance... Un discours digne des plus grands leaders qui évaporerait, l’asgardien l’espérait, les doutes les plus profonds de son amie. D’un autre côté, c’était assez ironique de constater qu’il était capable de trouver les mots pour les autres, quand lui-même était incapable d’en trouver pour lui. Mais qui sait, peut-être trouvera-t-il la force d'y croire en regardant le monde à travers les yeux de celle qui importait le plus à ses yeux ?
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Sujet: Re: Far from home | Thor Jeu 4 Juil - 12:45
« You know how the time flies. Only yesterday was the time of our lives. We were born and raised in a summer haze. Bound by the surprise of our glory days. » Adele, Someone like You {♪}
La déesse s'était demandé, un bref instant, s'il valait vraiment mieux attaquer l'épineux sujet de leur voyage impromptu de but en blanc, ou tenter un badinage presque futile pour sauver le peu d'apparences encore valides. Combien de temps auraient-ils pu ainsi gagner, en sentant peu à peu le poison sourdre de ces soucis gardés tus, de ces mots tus ? Le mal du pays n'était en fait qu'une plaie mal cicatrisée, un abcès douloureux ; alors quoi, trancher dans le vif pour relâcher la tension, et risquer l'hémorragie ? Ou abandonner en l'état, et laisser la porte ouverte à la lente gangrène ?
Trop tard, maintenant, trop tard. Thor avait eu le courage de ne plus tourner autour du pot, là où la jeune femme tentait encore de jouer un rôle, de demeurer la bonne amie à la compagnie agréable, avec qui on a envie de rire et de vivre. Son mince trait d'humour avait pratiquement fait illusion après tout... À trop vouloir bien faire, à trop vouloir contenter le monde et elle-même, têtue créature se voulant de fer contre l'univers et de miel avec ceux lui tenant à coeur, elle s'étourdissait. Comment être amicale et compatissante si l'on n'avait pas de sentiments ? Et lorsque ces derniers faisaient vibrer votre coeur come la peau d'un tambour, il n'était plus possible de faire le tri entre ce que l'on voulait ou non éprouver...
Attendre. Sif connaissait si bien ce mot. Petite, lorsqu'elle désirait parler, on lui disait d'attendre d'être plus âgée. Lorsqu'elle avait désiré apprendre à se battre, on lui avait conseillé d'attendre, parce que ce drôle de penchant pour toutes les choses masculines finirait par lui passer. Et quand enfin sa vocation avait été trouvée, et que son nom commençait à courir avec respect sur les lèvres bavardes des courtisans, on lui avait encore affirmé qu'attendre serait la meilleure solution, qu'Odin remarquerait son talent et en tiendrait compte lorsqu'il lui donnerait son titre. Alors la fillette, devenue jouvencelle puis femme à part entière avait à chaque fois attendu, comme on le lui avait intimé, parfois pour être déçue, et parfois non. Même à présent, elle attendait encore, elle attendait de savoir quelle était la nature cet élan la poussant vers Thor, si ce dernier se révélait durable, s'il avait la chance d'être partagé. Attendre, attendre le moment opportun, attendre que les bons mots lui viennent, attendre qu'il remarque enfin ce qui s'était déclaré tellement longtemps auparavant, sans crier gare, sans date précise... Toujours la même chanson.
La brunette secoua doucement la tête, peu convaincue : d'où viendraient les réponses, si tant était qu'elles arrivassent un jour ? Les humains avaient engendré ce cataclysme, mais apparemment complètement par hasard ; leur absence totale de connaissances magiques ne les aideraient en rien à regagner leurs pays respectifs. Et sinon quoi, serait-ce Néméïl en personne qui leur expliquerait la marche à suivre ? Les mois passés ici commençaient à s'accumuler, et les limites des territoires connus étaient chaque jour repoussées plus loin. Dans peu de temps, chaque recoin serait connu des insulaires, la réalité s'inscrivant dans toute sa tragique simplicité : ce lieu n'avait rien de magique, du moins la guerrière le croyait-elle. Aussi mystérieux que ce caillou puisse paraître, il n'avait été qu'un réceptacle, qu'une destination où tous avaient échoué par le jeu du hasard, d'une sorcellerie millénaire inconnue même de leurs meneurs. Elle avait beau tourner et tourner encore dans sa tête tout ce qu'elle savait à propos de l'île, rien ne lui apparaissait comme pertinent.
La soudaine pression de sa paume sur sa clavicule la ramena au présent, lui rappelant qu'elle n'était pas qu'un esprit raisonnant, mais également un corps percevant. L'heure, trop grave, empêcha un sursaut de la troubler, et même un frisson de courir sur sa peau, quoi que son coeur, lui, n'eut pas cette chance. Tant de fois pourtant l'Ase avait agi de la sorte, après un bon entraînement, une aventure se terminant bien, une amusement pas très autorisé qui au final n'avait été remarqué par personne au palais... Cela faisait pourtant quelques temps pourtant que ce genre d'attention ne s'était pas reproduit, parce qu'il avait tant à faire ici, des choses importantes, formelles, dans l'intérêt général, le genre de considérations qui reléguait l'individu loin derrière, avec ses souhaits et ses espérances propres, pour mieux sauver le groupe.
Sif n'y tint plus ; elle se tourna vers lui, et s'efforça d'exprimer au mieux, le plus clairement et le plus calmement possible la raison de cet entêtement éperdu à chercher le pourquoi du comment :
-C'était complètement différent...! Nous combattions alors des monstres, des armées, ou au moins savions quel était notre but, quel visage arborait notre adversaire. Nos étendards claquaient au dessus de nos têtes car nous savions alors différencier les nôtres de ceux menaçant nos vies, ou en voulant à la paix établie. Il y avait le Bien, et il y avait le Mal. Contre qui lutter ici, à qui expliquer que nous ne méritons pas ce qui nous arrive, que nous valons la peine de rentrer chez nous ? Pour quelle cause lutter ? Il n'y a pas d'ennemi, et c'est bien cela le pire. Les mortels ne se sont sûrement même pas rendus compte de ce qu'ils faisaient, ils sont simplement... Passés à autre chose...! Et ils nous ont oubliés, comme on laisse le souvenir d'un vieil ami s'effacer de notre mémoire...
Si Thor se révélait lorsqu'il le voulait être un bon orateur, Sif, elle, adoptait la même sincérité de ton, presque véhémente, tant son ressenti parlait, et non un véritable enchaînement logique et mûrement réfléchi à l'avance. c'aurait pu être dangereux, très dangereux, d'ainsi s'épancher, de laisser couler les mots en essayant à peine de juguler leur fuite, en présence de certains ; Thor était un ami, il saurait ne pas mal prendre impétuosité allant si bien à l'Asgardienne. Cette dernière, d'ailleurs, après avoir profondément inspiré, reprit, avec un peu plus de calme, quoi que son émotion demeurât palpable :
-Ils nous ont oubliés... Il leur a suffi de couper les ponts avec nous, et nous avons perdu notre monde. Nous, des Dieux, des êtres aux capacités défiant l'imagination, à l'âge incalculable. Ces créatures de peu ont eu la capacité de nous faire chuter, avec une facilité déconcertante. Réalises-tu ? Et si nous n'étions qu'une illusion, sans le savoir, le fruit de leur imagination devenu chair et sang, ou du moins croyant l'être ? Et si nous n'avions au fond jamais été réels...?
Et c'était au fond cela qui la terrifiait. De ne pas exister. De n'être qu'un songe, qu'on chasse en battant des paupières. Que lui soit aussi un fantôme. Que leur foyer se soit évaporé, et qu'ils soient les prochains à se fondre dans le néant. Que tout ce qu'elle aspirait à vivre, demain ou dans mille ans, n'ait jamais la chance d'advenir.
Sans s'en rendre compte, en se tournant vers le Dieu de la Foudre, dont la paume tiède demeurait apposée sur le tissu de sa tunique, laissant sa chaleur la pénétrer jusqu'à l'os, ils se trouvaient proches à présent, presque autant par leurs sentiments indistincts que par la tangibilité physique. Le bleu de ses yeux, si bleu, à s'y perdre, à y trouver la force de continuer, autant qu'à s'y noyer pour ne plus rien ressentir d'autre que sa présence, pour que le monde décevant et rude cesse de la tourmenter. Plus de mots, soudain, juste un court silence, sa respiration tâchant de retrouver un rythme acceptable de dame bien élevée, sa raison tirant sur les rênes d'une émotivité se cabrant tantôt, mais à présent bercée par une unique phrase, "fais-moi confiance".
Et cet amour, au fond de son coeur, cette petite flamme dansant loin dans son regard, c'était réel ? Et cette envie de le serrer dans ses bras, le plus fort possible, jusqu'à l'en étouffer, sans rien dire, sans rien de plus, c'était réel ?
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Sujet: Re: Far from home | Thor Ven 12 Juil - 15:54
Far from home Ft. Sif & Thor
Si un jour vous aviez demandé à qui que ce soit chez les nordiques de dire qui de Sif ou de Thor était le plus impulsif et le moins enclin au pardon, nul doute que la majorité, pour ne pas dire tous, aurait répondu Thor. Et pourtant… pourtant en cet instant précis il semblait à l’asgardien que Sif souffrait bien davantage que lui de cet exil, à un point même qu’il n’aurait jamais imaginé. Certes cet affront avait provoqué une rage folle en lui, avant que des questions ne commencent à tournoyer dans sa tête, dont la plus courante et la plus répandue chez les bannis était de savoir s’ils pourraient un jour rentrer chez eux. Et il se doutait bien que Sif devait se questionner elle-aussi mais contrairement à lui, elle n’avait jamais exprimé sa ire d’une manière aussi directe et franche ni même avec tant de véhémence. Aussi le dieu fut-il surpris de cette réaction vive et inattendue. Comme la douleur devait l’étreindre avec force pour qu’elle se laisse à dévoiler ses doutes et ses craintes avec tant de facilité… et Thor n’était pas insensible à la détresse de l’Ase, bien au contraire ! Mais hélas, bien qu’il tenta de la réconforter en choisissant soigneusement ses mots, ce fut comme un coup d’épée dans l’eau. Sif reprit de plus belle, en arguant le fait qu’il n’y avait pas d’ennemi ici ou que s’il y en avait, et ça restait encore à prouver, ils étaient indéterminés, invisibles. Sans compter que les humains n’avaient probablement pas même fait exprès de les envoyer ici et que par conséquent, l’espoir d’inverser le processus était quasi nul. Normalement, il aurait du dire qu’il était d’accord avec elle, après tout n’était-ce pas le même discours qu’il colportait à ceux qui voulaient bien l’entendre ? Mais là, les choses étaient différentes car ce n’était pas n’importe quelle personne qui se tenait face à lui. C’était sa meilleure amie, la jeune fille puis la femme qui avait toujours vu et penser comme lui, qui l’avait suivit quand même ses plus fidèles partisans avaient refusé de le suivre, celle qui avait fait parti de leur trio avec Loki, celle qui avait partagé ses victoires comme ses déceptions, celle qui avait toujours été là et qui avait prouvé maintes fois sa loyauté, mais c’était aussi et surtout la seule qui parvenait à arrêter le temps quand il se tenait en sa compagnie, la seule qui le fascinait et en la présence de qui son cœur s’accélérait sans qu’il ne comprenne pourquoi. Ses sentiments, l’asgardien préférait les occulter, ne comprenant pas ce qui lui arrivait vraiment et convaincu aussi que Sif n’attendait rien de lui car elle n’était pas ce genre de femme. Mais une chose était sûre : s’il devait un jour s’unir à quelqu’un, il aimerait que ce soit elle et ne voyait personne d’autre capable d’embellir ses journées comme Sif savait le faire, ni personne d’autre qu’il aimerait voir s’éveiller le matin à ses côtés. Alors, comment lui faire comprendre qu’il se souciait d’elle ? Et surtout quelle parole prononcer pour apaiser son âme ? La voir tourmentée de la sorte l’affligeait tout autant, comme s’ils n’étaient qu’une seule personne, deux facettes de la même entité.
Et si nous n'étions qu'une illusion, sans le savoir, le fruit de leur imagination devenue chair et sang, ou du moins croyant l'être ? Et si nous n'avions au fond jamais été réels... ? Durant la tirade de la jeune femme, Thor n’avait pas laissé choir sa main de son épaule, son esprit notant mentalement chacune de ses inquiétudes et continuant de méditer sur ce qu’il pourrait lui dire pour la rassurer. Il pesta même mentalement se disant que s’il s’était montré moins vindicatif et hautain, il n’aurait pas déteint sur Sif, ou au moins aurait-il été un meilleur confident et conseiller. Alors que là… même s’il parvenait à trouver les mots, comme l’Ase pourrait-elle le croire alors qu’elle savait qu’il pensait pareil ? Et comment pourrait-il lui expliquer que dans son cas les choses étaient différentes, qu’en cette heure il était bien décidé à se faire l’avocat du diable juste pour voir sur son si joli visage un magnifique sourire comme il les aimait tant ? Au fond peu importait tout cela, seul comptait qu’elle sache qu’il était là pour elle et que quoi il arrive, ils pourraient compter l’un sur l’autre. Non ? Non Sif, j’en doute très fortement. Si nous n’étions que des illusions, on ne se poserait pas même cette question et ce qui n’est pas réel ne peut pas éprouver de sentiments ni avoir de moral puisque par définition ça n’existe pas. Cela fait des millénaires que nous sommes là, nous avons vu bien des choses se faire et se défaire au cours de tout ce temps écoulé, faut-il que tous ces millénaires soient remis en question pour quelques mois ici ? Peut-être que c’est un nouveau combat pour nous, un nouveau défi, ou peut-être pas. Peut-être que les hommes ont réellement réussi à nous exiler, consciemment ou non, quoiqu’il en soit le plus important c’est que la majorité des nôtres sont arrivés ici, sain et sauf et qu’on se soit retrouvé. Et je crois aussi que même si nous sommes condamnés ici, ce n’est finalement pas une si mauvaise chose. Après tout, ça aurait pu être pire et qui sait, peut-être qu’on finira par s’y plaire ? Certains disent qu’il n’y a ni bonheur ni malheur, juste une façon de voir les choses, c’est peut-être vrai. Je sais que ça fait beaucoup de peut-être mais se ronger les sangs ne changera rien à la situation, alors autant accepter notre situation présente pour avoir l’esprit serein et être d’attaque si un jour les choses bougent plutôt que de se fatiguer dans le questionnement. Sif… La paume de sa main toujours sur l’épaule de l’Ase, il la tira légèrement vers lui et contre toute attente il l’enlaça tendrement. Si ce genre de geste avait une place dans les relations amicales, c’était sûrement à ce moment-là plus qu’à aucun autre qu’il était de mise. Et peut-être aussi que ça l’aiderait à y voir plus clair dans ce qu’il ressentait ou non ? Je te promets que ça va aller. Je trouverais le moyen de nous sortir de là et s'il n'y en a aucun, alors j'emploierai chaque instant de ma vie à te faire rire pour que tu sois heureuse à jamais, d'accord ? Est-ce que tu me fais confiance ? murmura-t-il avec douceur avant de briser l'étreinte et d'ancrer ses yeux azurs dans les siens, chocolat, pour attendre sa réponse.
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Sujet: Re: Far from home | Thor Ven 9 Aoû - 15:07
« Do you see my guilt ? Should I feel a fright ? Is the fire of hesitation burning bright ? And if you want to talk about it once again, On you I depend. I'll cry on your shoulder. You're a friend. »
La divergence d'opinion n'avait jamais effrayé la damoiselle. Pensez, si aller à l'encontre de l'avis de tous avait été un frein pour la noble Asyne, elle ne serait certainement pas la personne qu'elle était aujourd'hui ! Non, n'importe quel aristocrate vous aurait dit qu'un bon combattant savait d'abord défendre ses idées avec des mots, avant de protéger sa cité l'arme à la main... Et pour une fois, Sif n'avait pas dès la première seconde pensé exactement la même chose que Thor, comme cela arrivait depuis de bien longs siècles déjà. Il y avait eu des débats parfois passionnés entre eux, concernant des aventures interdites par leurs parents respectifs, ou encore des jeux qui ne manqueraient pas d'attirer sur eux les foudres des adultes. À l'époque, Sif avait été l'exact mélange de ses deux camarades, d'abord réticente à l'idée de braver l'autorité de Dieux aussi puissants et autoritaires qu'Odin ; en cela, elle avait ressemblé à Loki, qui réfléchissait toujours à deux fois avant d'entreprendre quoi que ce soit, cérébral avant tout, et lui aussi conscient des retombées très probablement houleuses. Cependant, l'enthousiasme que Thor mettait à présenter ses hardis projets, tout en révélant tout ces que leurs risques avaient de séduisant, finissait par vaincre ses hésitations de jeune fille trop sage, pour finalement révéler en elle l'intrépide garçon manqué totalement disposé à braver les interdits. Trouver un terrain d'entente entre le tempétueux maître de la foudre et la plus sage Déesse des Mariages ne posait jamais problème, et les deux amis aboutissaient à une ligne de conduite commune avec l'aisance des êtres proches pensant quasiment la même chose au même moment, et connaissant l'autre aussi bien qu'eux-mêmes.
Il aura fallu une île mystérieuse ainsi qu'un voyage des plus perturbants pour mettre à mal ce bel équilibre de pensée. Oh, comme les intentions de Thor se trouvaient louables, comme l'ardeur volontaire de son propos se percevait, semblable au halo de touffeur entourant un bon feu de cheminée à l'automne. Comme toujours, Sif la percevait, et cela la touchait, sincèrement, qu'il prenne tout ce temps pour lui démontrer que leur situation n'était pas qu'une tragédie. Son coeur malgré tout ne se laissait pas gagner par cette ferveur l'enveloppant, pas tout à fait, demeurant en partie serré. L'affaire était tellement plus grave qu'une sortie non autorisée en dehors du palais, ou encore un rapport accablant de la part de Heimdall à la vue perçante duquel rien n'échappait... Il n'était plus aussi simple que de se laisser emporter par l'immuable foi en l'existence qui rendait l'Asgardien si agréable.
D'ailleurs, la jeune femme hocha la tête pour lui témoigner qu'elle comprenait ce qu'il tentait de lui expliquer, que ces arguments avaient une valeur réelle pour elle. Bien sûr, que Néméïl avait les qualités nécessaires pour devenir, le temps aidant, un foyer au moins aussi chaleureux qu'Asgard, et que retrouver bon nombre de leurs connaissances nordiques atténuait un peu ce sentiment de déracinement... Et que reformer leur cocon d'avant serait possible, quoi qu'elle n'ait pas ses propres parents, quoi que les paysages dans lesquels se dérouleraient leurs futures quêtes ne seraient pas les mêmes... Si seulement Asgard avait cessé d'exister. Sif en aurait fait le deuil, au cours de long et douloureux adieux, et aurait pu tourner la page. Mais combien d'ennemis de leur Royaume avaient été laissés en arrière, avec la voie libre pour faire main basse sur leur palais, leur trône ! Défaire le peu d'armée restante ! S'en prendre à la population, aux femmes et aux enfants sans défense ! Prenant une nouvelle inspiration, la noble demoiselle s'apprêta à lui présenter ce nouvel argument, mais fut stoppée en plein élan par l'étreinte imprévu du Prince.
Sif en resta proprement coite. Serrée contre son puissant torse, sans qu'il y mette pourtant toute sa force -et l'on savait à quel point Thor pouvait faire montre d'une puissance tout bonnement stupéfiante-, ses poumons se vidèrent en un souffle silencieux, alors que son regard fixé droit devant, ne témoignait que trop de sa surprise. Par réflexe, ses propres bras se refermèrent sur lui, ses poings fermés s'apposant sur ses omoplates, en une embrassade un peu raide, du fait de la totale imprévisibilité de ce rapprochement. Quelques secondes de saisissement, avant qu'elle ne recommence à respirer, posément. Et que la tension au creux de son estomac se relâche, la laissant détendue, de plus en plus sereine. Un instant, Sif ferma même les yeux, s'en rendant à peine compte. Après tout, Asgard pouvait peut-être disparaître. Les Dieux anciens pouvaient perdre leur superbe, leurs couronnes et leur fierté. L'Univers pouvait se résumer à cette île, à cet instant précis. À la chaleur de ses mots se superposait celle de son corps, modelé par la guerre, façonné pour le combat, et pourtant si précautionneux alors, comme si au coeur de cette montagne de muscles se cachait une entité sensible et douce. De cela, Sif n'en avait jamais douté une seule seconde, quoi son esprit faillît bien se troubler, en un bien-être d'où avait été chassée l'ombre de l'anxiété. Thor avait dit que ce qui n'était pas réel n'éprouvait... Or, de son point de vue, ils étaient tout ce qu'il y avait de plus vrai... Aurait-il été fou de lire entre les lignes un imperceptible début d'aveu ? Oh, mais il existait tant d'autres sentiments que l'amour, lui ressemblant, le compliquant, ou même n'ayant rien à voir avec lui. L'Asgardien évoquait éventuellement la colère, la jalousie, l'espoir... Quand bien même Sif aurait été capable de s'essayer au décryptage de non-dits, son état d'esprit ne le lui aurait point permis.
Combien ? Combien de temps la garda-t-il contre lui ? La jeune femme n'aurait su le dire, et l'imaginer ne l'intéressa même pas. Lorsque Thor s'éloigna, elle ne tenta pas de le retenir, encore trop ébaubie, ses bras retombant le long de son corps à présent qu'ils n'avaient plus rien à enserrer. Avec ce recul, l'air frais du bord du Nil remplaça le contact tiède de son ami, donnant comme un petit goût de regret à la fuite des secondes qui déjà inscrivait ce moment dans le passé.
-Je te remercie pour ton serment, Thor, lui assura la déesse avec sincérité, les yeux brillants tant une pareille promesse la ravissait secrètement, inexplicablement. Permets-moi de faire le même pour toi. Et de t'assurer que je me fie totalement à toi.
Sif détourna les yeux brièvement, consciente qu'un tel engagement n'avait rien d'une phrase lancée à la légère. Leur amitié n'en serait que plus solide, quoi qu'elle se révélât d'ores et déjà à l'épreuve de bien des écueils. Une telle déclaration cependant laissait à réfléchir, même pour une personne comme l'Asyne, qui ne réalisait pas encore à quel point jurer d'apporter aide et soutien moral à son compagnon d'enfance s'avérait en adéquation avec des souhaits plus profonds encore. Pensez donc, ils venaient tous deux de s'engager à rendre l'autre heureux jusqu'au bout, soit une éternité, puisqu'en l'occurrence, ils étaient des Dieux... Cela ne vous rappelait-il pas quelque chose ?
Ragaillardie, la brune décida de prendre sur elle : sa confession fleuve n'avait, comme le remarquait Thor avec justesse, rien d'habituel dans son comportement, et à bien y réfléchir, la guerrière aurait peut-être préféré éviter d'ainsi laisser libre cours à ses faiblesses. Cela dit, lui parler avait donné le recul nécessaire pour cesser de broyer du noir, et ce fut avec l'âme plus légère qu'elle reprit, se voulant résolument amicale, moteur et non plus poids mort au sein de leur duo.
-Pardonne moi ce bref moment d'aveuglement. Je ne voulais pas t'imposer mes atermoiements, et avoir égoïstement l'air de ne pas me soucier de la façon dont toi-même tu vis ce voyage.
Quitter le banquet, tout ça pour des "si" pessimistes... Sif ne sous-entendait pas que Thor abritait la même inquiétude qu'elle, mais la combattante désirait qu'il sût qu'il pouvait lui aussi s'appuyer sur elle. Sif en avait la force nécessaire, même si ce bref épisode de doute avait la capacité d'en faire douter un brin.
-Que dirais-tu de rattraper cette soirée ?
Après tout, c'était de sa faute, si l'atmosphère se voyait un peu plombée... Redynamiser tout cela constituait le moins qu'elle puisse faire, comme l'assura son sourire, à la fois posé et plein de bonne volonté.
« And if you want to talk about what will be, Come and sit with me, and cry on my shoulder, I'm a friend. » James Blunt, Cry {♪}
Thor
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Sujet: Re: Far from home | Thor Ven 16 Aoû - 21:12
Far from home Ft. Sif & Thor
Il s’était surpris lui-même à se laisser aller à tant de douceur. Ça ne lui ressemblait tellement pas… Il ne se considérait pas spécialement comme une brute épaisse mais il avait depuis toujours été très réservé quand à ce qu’il pouvait ressentir ou aux sentiments profonds qu’il pouvait éprouver. S’il était un leader, premier sur le champ de bataille en première ligne et dernier à quitter la guerre, si ses hommes lui faisaient résolument confiance, s’il était ce qu’il était aujourd’hui, c’est parce qu’il avait toujours pris soin de garder pour lui ses réflexions les plus secrètes. Jamais personne ne pourrait se targuer de l’avoir vu verser une larme ou d’avoir fait quelques déclarations à une femme. Jamais personne ne pourrait trouver de faille dans ce qu’il était, ce qu’il représentait. Il était voué corps et âme à son peuple, à son devoir et il avait toujours relégué le reste au dernier rang, sentiments personnels compris. Seul comptait le bien commun. Alors certes, il était d’une impulsivité colossale et bien souvent son père l’avait repris et il est vrai, chaque victoire flattait son ego bien trop démesuré selon certains, mais il n’avait jamais mis ses compatriotes en danger et si les choses commençaient à mal tourner, il avait toujours été là pour servir de bouclier contre les attaques. Thor ne doutait jamais de sa réussite et ce n’était pas cette île qui mettrait à mal ce dont il était capable. Pourtant, s’il se montrait aisément effronté devant les obstacles, la détresse de sa fidèle amie l’avait réellement touché et ce jour-ci, il n’avait pu faire autrement que de lui montrer qu’il était là, présent, comme hier en Asgard, tout autant aujourd’hui sur cette île et que ce serait aussi vrai dans l’avenir, qu’importe ou ils seraient. Néméil avait mis leur amitié à rude épreuve mais ce jour-ci verrait la solidification de leur lien unique, Thor en faisait le serment. Si faire des alliances et tenter de gérer les mythologies était un labeur essentiel, prendre soin des siens était plus que primordial. On avait besoin de lui mais dans ces personnes qui comptaient sur lui, sur son soutient se trouvait Sif. Pouvait-elle seulement imaginer combien son soutient à elle lui était d’une immense importance ? L’asgardien n’aurait sûrement pas accompli tout ce qu’il avait fait sans elle. En tout cas, ses souvenirs n’auraient pas la même saveur sans cette femme intelligente et au cœur noble. Elle l’avait soutenu en tout temps, tout comme il l’avait fait. Il ne devait jamais oublier ça et il ne fera pas.
Se laissant aller à cette étreinte aussi tendre qu’insolite, Thor ne s’aperçut même pas que ses pensées s’égarèrent, son inconscient songeant que sa vie serait plus douce avec quelqu’un à ses côtés, quelqu’un comme lui, avec les mêmes valeurs et la même vision des choses. Une personne d’assez fort pour le canaliser, pour percer ses secrets, une personne capable de le seconder en temps de crise, une personne en qui il aurait une confiance aveugle, une personne comme Sif. Mais l’asgardien ne pouvait ouvrir les yeux, bien que des doutes naissaient en lui quant à sa relation avec Sif, ils n’étaient pas encore suffisamment pesants en lui pour qu’un déclic se fasse. Il ne pouvait encore accepter de voir son amie autrement que comme il la considérait déjà. Il ne saurait comment réagir face à ce changement, surtout sur cette île. Pourtant, le changement n’avait-il pas déjà commencé ? Enlaçant sa brune, le battement de son cœur s’accéléra imperceptiblement quand elle lui rendit son étreinte et ils restèrent un laps de temps indéterminé ainsi, dans les bras l’un de l’autre. Puis, Thor se détacha de sa si jolie déesse et lui fit le serment que quoiqu’il arrive, il sera toujours là pour elle, s’efforçant au possible de rendre sa vie agréable et que rien jamais ne vienne ternir la joie qu’il arroserait en son cœur. Une promesse ressemblant à un aveu que Sif lui retourna avant de lui assurer avec fermeté qu’elle se fiait totalement à lui. Le nordique lui sourit d’une manière qu’il ne l’avait encore jamais fait et son regard lui-aussi était comme une caresse qui agit de toute évidence tel un baume sur les écorchures de doute de l’asyne puisque celle-ci afficha un air plus serein et s’excusa de s’être égarée de la sorte en parlant de ses inquiétudes.
Pardonne-moi ce bref moment d'aveuglement. Je ne voulais pas t'imposer mes atermoiements, et avoir égoïstement l'air de ne pas me soucier de la façon dont toi-même tu vis ce voyage. Ne dis pas de sottise. Tu n’es ni larmoyante ni égoïste. Au contraire, que tu me fasses part de tes doutes, de tes peines, ça compte beaucoup pour moi, alors s’il-te-plaît, ne t’excuse pas. Il voulut rajouter que c’était très important pour lui, que cela prouvait combien elle lui faisait confiance et que leur amitié était toujours là où ils l’avaient laissé. Qu’elle ne l’avait pas oublié. Qu’il comptait toujours autant pour elle tout comme elle était précieuse à ses yeux. Mais il se retint. Si d’habitude il se montrait tempéré parce dans ce qu’il disait parce qu’il était d’un naturel réservé dans l’étalage de ses émotions, en cette circonstance c’était le contraire. Il craignait de ne trop en dire. L’asgardien se rendait à peine compte de ce qui brûlait réellement en lui et cette avec une maladresse inconsciente que tantôt il chassait ses doutes en les réprimant, tantôt il exprimait les désirs réels de son cœur. Que dirais-tu de rattraper cette soirée ? C’est avec un sourire ravi que le dieu du tonnerre se leva, montrant qu’il acceptait la proposition. Je n’ai pas besoin de la rattraper, elle me sied très bien mais il est vrai qu’elle est encore plus belle lorsque tu souris. affirma-t-il avec un naturel surprenant. Mais ne s’appesantissant pas sur sa phrase, ce qui faisait se demander s’il s’était rendu compte ou non de la porter de ses mots, il se mit à marcher le long de la rivière, Sif à ses côtés. Comme promis, il utilisa le temps qu’elle lui accordait pour lui rappeler de joyeux souvenirs, se montrant particulièrement espiègle dans sa manière de conter les faits et recherchant avec finesse et avidité chaque sourire qu’il gardait en mémoire comme de précieux joyaux. Tandis qu’ils conversaient, leurs silhouettes s’amenuisaient sur un fond de coucher de soleil et quiconque les apercevraient ne pourrait que sourire d’une manière entendue.