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 Un air de flute [Idun]

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Thrùd
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MessageSujet: Un air de flute [Idun]   Un air de flute [Idun] Icon_minitimeDim 19 Mai - 13:10

Thrùd se sentait chiffonée. Enfin, elle était toujours chiffonée depuis son arrivée sur Némeïl, mais aujourd'hui c'était encore pire que d'habitude. C'était le lendemain de la pleine lune et l'activité des Valkyries était toujours plus forte à cette période là, au grand dépit de la jeune demi-déesse qui se retrouvait privée de ses prérogatives à cause des humains stupides qu'elle avait servi avec dévouement toute sa longue vie.
Thrùd avait fini dans son agitation par s'assoire devant sa maisonnette pour aiguiser méthodiquement chaque pièce de son arsenal.
La cahute de la valkyrie tenait plutôt de la cabane que de la vraie maison. Située tout en lisière de la rue de Jötunheim, le plus loin possible de celle d'Asgard. L'habitation ne comportait qu'une seule pièce avec une cheminée et une petite fenêtre et encombrée des armes de la vakyrie. Si l'intérieur était encombré et assez désagréable à vivre, il y avait à l'extérieur un gros frêne sous lequel Thrùd avait déposé un petit banc où elle aimait regarder passer le temps avec Sigr couché à ses pieds.
La valkyrie s'était donc assise sur ce banc à l'ombre du frêne. Elle avait retroussé les manches de sa tunique sur ses coudes et c'était mise à l'entretien de ses armes. C'était presque sa seule occupation, et chaque lame était déjà parfaite, d'autant qu'elle ne s'en servait pas. Thrùd se retrouva assise sur son banc, plusieurs épées et poignards alignés à coté d'elle, deux haches posées à terre à ses pieds. Sigr farfouillait aux pied du frêne à la recherche de va savoir quoi.
La valkyrie se passa la main sur le visage et resta penchée en avant, les coudes posés sur les genoux. Elle appela son loup. La grosse bête s'approcha d'elle. Le flattant et le caressant, elle vérifia son harnais, puis bondit sur son dos.
Sigr partit d'un amble tranquille et se laissa mener par Thrùd jusqu'au parc de Valhöll. Le loup l'inquiétait, depuis leur arrivée sur Némeïl, il se comportait de plus en plus bizarrement, perdant peu à peu sa majesté et sa sauvagerie. Il avait toujours été plus déluré que ses congénaires, car il était le plus jeune de la meute, mais il se comportait de plus en plus comme un chien.
Arrivé au parc, Thrùd dirigea sa monture vers un chemin peu fréquenté et le lança au grand galop. Ravi de courir un peu dans ce parc qui lui rappelait les forêts de Midgard, Sigr couru comme un forcené jusqu'au kiosque au centre du parc. La valkyrie mit pied à terre. Elle entendait un air de flûte qui lui plaisait particulièrement et s'assit sur les marches du bâtiment pour l'écouter, pendant que son loup se couchait de tout son long sur le flanc au soleil. Tout semblait aller mieux soudain.
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MessageSujet: Re: Un air de flute [Idun]   Un air de flute [Idun] Icon_minitimeDim 19 Mai - 18:56



FEAT Thrùd & Idun
Un air de flute

« C'était un air triste qui s'élevait, éphémère et fragile comme la vie qui se créait et se détruisait plus facilement encore »

Une nouvelle journée sans saveur d'ouvrait à moi. Sans mes pommes, je n'étais plus rien, ne servais plus à rien. Il n'y avait que Cérès, Gemma et Zeus pour varier de la monotonie de mes journées. Depuis l'arrivée sur Néméïl, tout semblait fade; même les meilleurs mets, même le plus belle musique... Seules les paroles de Cérès et parfois quelques rencontres impromptues (comme celle que j'avais faite quelques jours auparavant avec le mystérieux Anubis) m'empêchaient de me perdre dans la morosité de cette vie... cette survie, plutôt.

Prise d'un élan soudain, je m'étais rendue dans une boutique pour acquérir une simple flute de bois, banale. C'était Bragi qui m'avait apprit à jouer, car "la musique était une forme de poésie" disait-il toujours. Parfois, je jouais avec lui tandis qu'il récitait les vers dont il avait le secret. Ainsi formions-nous une paire indissociable, lui le poète, moi la musicienne d'un instant.
Mes pas m'avaient menés jusqu'au kiosque, exceptionnellement vide de monde. Pas d'amoureux -par Odin, merci-, pas de musiciens ni de chanteurs, non... ils s'étaient tous rendus en ville pour une fête organisée par quelques autres divinités. On m'avait invité, mais j'avais refusé, bien entendu. Officiellement parce que j'avais besoin de repos, car je ne pouvais laisser transparaître que depuis la... disparition de Bragi je n'avais plus goût à rien. Pas même aux festins conviviaux pour lesquels les asgardiens étaient si doués. Non, face aux autres je devais garder pour moi mes vrais sentiments; ils m'avaient trahis une fois et n'avaient plus rien à faire dans ma vie. Même Sigyn, même Lalwendë. Aucun.

J'allais m'adosser contre la rambarde, maniant avec attention l'instrument avant de le porter à mes lèvres et de commencer à jouer.
C'était le premier morceau que j'avais appris. Très simple, fait pour les débutants, il était censé être entraînant et joyeux. Mais ici c'était un air triste qui s'élevait, éphémère et fragile comme la vie qui se créait et se détruisait plus facilement encore. Peu importe combien j'essayais, cette mélodie habituellement joyeuse me semblait aussi déprimante et pesante que le martèlement d'une enclume sur la ferraille... Je fis une fausse note. Mes doigts bougeaient avec maladresse, ayant perdus toute dextérité pendant mes années d'enfermement. Mon souffle lui même se fit rapidement erratique, plus habitué à un tel effort. J'avais même perdu cela. Je ne savais pu jouer.
Cessant le massacre, je baissais mon bras, les larmes aux yeux face à mes efforts vains.

De par ce geste plus brutal que je ne l'avais prévu, le fin tube de bois échappa à ma poigne fragile; et comme si la scène se déroulait au ralentie je vis ma flute tomber durement sur le sol, avant de rouler sans fin vers les marches et de les dévaler une à une... Je retins mon souffle, espérant que l'instrument ne se brise pas dans sa course, mais sans pour autant me précipiter pour la rattraper -je n'étais pas assez rapide. La flute disparut de ma vue en atteignant le bas des marches du kiosque.

« Misère... »

Ce ne fut qu'un souffle rompant le silence revenu que je laissais échapper avant de m'avancer pour aller chercher l'instrument de ma dernière désillusion. Je n'avais plus qu'à la ramener au marchand à qui je l'avais achetée, ce n'était pas la peine que je garde un objet qui ne ferait que me rappeler ce que j'avais perdu.
Mais alors que je m'approchais des marches, je fus interrompue par un imposant loup au pelage gris qui me plaqua au sol. Le tout s'était déroulé trop rapidement, je me retrouvais allongées à même le bois face à la gueule effrayante du loup... et de ma flute tenue par sa mâchoire puissante.

Stupéfaite, je gardais d'abord le silence, prise de cours par la rapidité de l'action. Mais plutôt que de crier, je restais plus ou moi "calme" en reconnaissant là une monture des Valkyries -qui n'attaquerait un autre dieu scandinave que si on le lui ordonnait. Par ailleurs le fait que le loup m'ait rapporté mon instrument me faisait étonnement penser au comportement d'un chien qui jouait avec son maître à rapporter le bout de bois qu'on lui lançait. Situation inédite pour moi, les montures des Valkyries n'agissaient pas ainsi, normalement.
Je grimaçais, cette situation était réellement inconfortable et l'odeur qui se dégageait de la gueule du loup ne laissait que peu de place à l'imagination de ses repas et de son hygiène de vie.

Mon coeur rata un battement lorsque je réalisais que si loup il y avait, la maîtresse ne devait pas être loin. Ce qui était infiniment plus inquiétant que d'être plaquée au sol par un animal capable de vous arracher la tête d'une morsure.

Ca y est, j'avais peur. Je retins mon souffle.
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Thrùd
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MessageSujet: Re: Un air de flute [Idun]   Un air de flute [Idun] Icon_minitimeLun 20 Mai - 9:33

Thrùd ne bougeait pas, habitée par les notes mélancoliques de la flûte. L'air lui était irrésistiblement familier, il lui évoquait le souvenir de quelque chose de joyeux, auquel on repense en ayant envie de pleurer. Un creux vide se rouvrait dans le ventre de la valkyrie et l'eau commençait à lui monter aux yeux. Asgard lui manquait. Midgard lui manquait. Son amie Sigrùn, devenue à moitié folle, lui manquait plus que tout. Elle voulait retrouver Sigr comme il était avant: agressif, magnifique et fier. Thrùd renifla bruyamment et se couvrit les yeux de la main droite, le menton tremblant.
La musique cessa soudain, suivit par un petit bruit de dégringolade et un gros bruit de dégringolade. La valkyrie entendit Sigr s'agiter mais ne bougea qu'après quelques instants. Elle jeta un coup d'oeil à sa droite et soupira, exaspérée. Stupide bestiole.

"Lâche la dame, Sigr, elle veut pas jouer." grinça Thrùd d'une voix fatiguée. Le loup fit quelques pas en arrière et tourna la tête vers elle. Il portait un flutiau en bois délicatement serré entre ses monstrueuses canines. "Et bien, qu'est ce que tu as trouvé? Donne, c'est pas un jouet."

Sigr hésita un peu, puis déposa doucement l'instrument dans la main tendue de sa maîtresse. Elle lui flatta la tête pour le remercier, puis il s'affala sur ses pieds en battant de la queue. Ignorant soigneusement la propriétaire de la flûte, Thrùd essuya la bave du loup sur son pantalon et l'examina en la faisant tourner délicatement entre ses doigts, l'air pensif. Les dents de la bête n'avait pas abimé le tuyau de la flûte, en marquant juste légèrement la surface. La valkyrie sourit et se tourna vers la musicienne toujours au sol en lui tendant son instrument.

"Je vous préviens, Sigr l'a personnalisée, mais je pense qu'elle est toujours utilisable." elle reconnu alors son interlocutrice. "Oh. Bonjour Idun. Je vais y aller. Sigr, ici!"

Thrùd se leva, mais Sigr ne semblait pas décidé à bouger et cherchait les caresses auprès d'Idun. La valkyrie soupira, exaspérée.
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MessageSujet: Re: Un air de flute [Idun]   Un air de flute [Idun] Icon_minitimeSam 1 Juin - 6:45



FEAT Thrùd & Idun
Un air de flute

« C'était un air triste qui s'élevait, éphémère et fragile comme la vie qui se créait et se détruisait plus facilement encore »

Par Odin, c'était immonde! Le loup venait de me lécher le visage, et sa bave collait à mes joues. Et il ne se décollait pas de moi, m'écrasant en partie de son poids. J'étais coincée, comme enfermée dans un étaux.... Je commençais à paniquer. Je tentais de déplacer la bête mais en le voyant baisser sa gueule vers moi je cessais tout mouvement. Lâche-moi. Lâche-moi. Laisse moi partir! Je détestais être enfermée, de quelque façon que ce soit. Il fallait qu'il se déplace, ou j'allais défaillir ici. Mais pleurer alors que la maîtresse du loup devait être à côté était une mauvaise idée.

"Lâche la dame, Sigr, elle veut pas jouer."

Un long soupir de soulagement m'échappa lorsque l'énorme bête me relâcha. De l'air! J'inspirais longuement cet air tellement plus pur que l'haleine du loup, m'asseyant lentement en me délectant de cette liberté de mouvement retrouvée.
Mais je n'avais pas oublié le principal. La Valkyrie. S'agissait-il de la grande Freyja? Je l'aurais cru participant au festin. Mais relevant le visage après avoir défroissé ma robe, je compris mon erreur. Il ne s'agissait pas de la première Valkyrie, mais de Thrùd.

« Bonjour, fille de Thor. »

Comme toutes les autres divinités, je connaissais Thrùd. Car autrefois, tous devaient venir s'adresser à moi pour que je renouvèle leur immortalité, même les Valkyries, même Hel, même le Seigneur Odin. Cela me donnait un statut pas supérieur mais très important dans la hiérarchie divine. Ce n'était pas pour autant qu'ils avaient tentés de me sauver, oh non.
Je regardais avec méfiance le manège de la Valkyrie, nettoyant ma flute sans doute abimée par les mâchoires du loup. Cette apparition impromptue m'obligeait à faire attention à mes gestes et mes expressions, car je devais cacher au mieux ma peine, paraître normale. Je n'avais normalement rien à craindre des Valkyries, qui me respectaient autrefois de leur accorder jeunesse et énergie éternelle; mais maintenant, tout avait changé. Rien ne m'assurait que Thrùd n'avait pas changé du tout au tout avec le passage sur Néméïl. Qu'elle soit perdue dans ce nouveau monde ou nous n'étions plus que l'ombre d'autrefois.

Je serrais les dents en voyant l'état de ma flute. Certes, elle était encore utilisable, encore heureux le loup n'avait pas serré trop fort le fragile tuyau... Mais il m'était maintenant impossible de rendre l'instrument au vendeur. Mon plan de me débarrasser d'un objet qui ma rappelait trop douloureusement les souvenirs d'autrefois ne pouvait être mis en route; tout cela à cause d'un loup sauvage et d'une Valkyrie qui n'avait pu le contrôler.

« Tu peux la garder. Le marchand n'acceptera pas de me la reprendre dans cet état. » dis-je avec un air impassible mais la voix peu amène. J'étais agacée, d'avoir eu si peur d'un loup et de m'être laissée surprendre par Thrùd. N'aurait-elle pas pu simplement se rendre à ce festin comme tous les autres? Ainsi ne l'aurais-je pas croisée. Ainsi n'aurais-je pas été si en colère en voyant cette fière guerrière devant moi, elle qui comme ses soeurs d'armes n'avait jamais rien fait pour me libérer de Thiassi. Aucun Dieu n'était venu, et pourtant, ensembles, ils auraient été parfaitement capables de me libérer.

Je me relevais dignement, défroissant ma robe, détournant le regard de la guerrière blonde. Je ne voulais affronter le regard des traîtres. Je ne voulais...

« Que...? »

A nouveau, le loup me poursuivait de ses dégoûtantes léchouilles. Sur ma main cette fois. Mais qu'avais-je donc fait pour attiser son affection? Là ou tous prenaient soin de ne pas m'approcher, la bête n'avait pas l'air de comprendre que j'avais absolument tout sauf envie de passer du temps avec lui.
J'attendis une minute, ou deux peut-être qu'il s'arrête. Mais non, il continuait de me regarder de ses grands yeux suppliants, comme un chien implorant les caresses de son maître. Or, il se trompait de personne. Et m'empêchait de rentrer chez moi!

« Ne pourrais-tu pas le faire cesser? Tu es sa maîtresse, il t'écoutera si tu le lui demandes. » dis-je finalement à Thrùd, mettant de côté ma résolution de ne plus lui adresser la parole et de m'en aller sans faire de vague. Mais le destin semblait s'acharner et m'empêcher de fuir cette confrontation là.
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Thrùd
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MessageSujet: Re: Un air de flute [Idun]   Un air de flute [Idun] Icon_minitimeLun 10 Juin - 19:36

Thrùd ne détestait pas vraiment Idun. C'était à la fois bien plus complexe et bien plus simple que de la haine pure. Étrange mélange d'incompréhension et de mépris, il s'agissait d'un sentiment complexe, teinté d'une pointe de compassion réprimée, le tout éloigné à des années-lumières des émotions habituelles de la valkyrie, violentes et simples. La seule personne pour qui elle éprouvait des choses aussi mélangées et peu claire était Antero, sans hésitation. A ceci près que ce que lui inspirait le fils de Loki était bien plus agréable.
Non définitivement, la colère de Thrùd n'était pas du tout dirigée vers Idun à cet instant, mais plutôt vers Sigr. Comment-est ce que cette bête faisait pour s'enticher des gens qu'elle supportait le moins? Ce n'était pas la première fois qui plus est.
La valkyrie observa la flute dont Idun ne voulait pas, cherchant quoi en faire. Elle ne savait pas en jouer, le seul instrument de musique qu'elle utilisait de temps en temps était un gros cor gris taillé dans une corne de taureau, qu'elle utilisait parfois à la chasse ou sur le champ de bataille, mais son utilisation était plutôt simple, comparé à la flute. Thrùd fit à nouveau tourner l'objet entre ses doigts et fini par le juger plutôt joli, puis le glissa dans sa poche. Elle pourrait peut-être en faire cadeau à quelqu'un, allez savoir. Une flute portant les marques des crocs du loup d'une valkyrie pourrait être considérée comme un porte-bonheur.
Les paroles d'Idun firent soudain lever la tête à Thrùd. Elle contempla un instant le visage de son interlocutrice, un sourire mauvais sur le visage. Après quelques instants, la demi-déesse éclata d'un rire sans joie en secouant la tête de gauche à droite. Invraisemblable. La déesse devait forcément savoir ou tout au moins se douter de ce que la valkyrie pensait d'elle!
Thrùd s'avança et saisit Sigr par son harnais, puis le tira en arrière de ton son poids. Le loup couina, arque-bouté contre son harnachement, puis fini par céder et recula l'air penaud jusque derrière sa maitresse. Elle passa nonchalamment un bras autour de son encolure et reporta son attention sur Idun, toujours un vilain demi-sourire sur le visage.

"Il semblerait que les mâles vous apprécient, mais vous ne savez pas vous en défaire, Idun... Dommage que vous n'ayez eu personne pour tirer sur le harnais de Thiassi. Alors que si ça se trouve, il aurait suffit de lui crier couché pour qu'il s'exécute." dit Thrùd d'une voix moqueuse.
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MessageSujet: Re: Un air de flute [Idun]   Un air de flute [Idun] Icon_minitimeVen 20 Sep - 14:50



FEAT Thrùd & Idun
Un air de flute

« C'était un air triste qui s'élevait, éphémère et fragile comme la vie qui se créait et se détruisait plus facilement encore »

Je laissais échapper un léger soupir de soulagement lorsque Thrùd crut bon d'éloigner enfin son horrible bête de ma personne. Je détestais me sentir plus sale que je ne l'étais déjà, pervertie par le toucher de Thiassi et de ses glaces éternelles....

J'esquissais un mouvement de recul au vu de cette étrange et inquiétante expression qu'arborait Thrùd. Peut-être avais-je été trop loin? J'avais toujours eu un grand respect pour les farouches et braves guerrières qu'étaient les Valkyries, même si je ne comprenais pas leur sauvagerie; mais autrefois si paisible et douce. Mais je savais leur fort caractère, et la froisser n'était certainement pas une sage idée... L'heure de me retirer avait sonné.

Trop tard. Soudainement, des paroles aussi aiguisées et pointues que des éclats de glaces commencèrent à découler de la guerrière. Au fur et à me sure de ses mots, je me sentis pâlir, faiblir. Défaillir.....

« Comment oses-tu.... » murmurais-je à peine d'une voix brisée, les yeux remplis d'eau. Brutalement, je me détournais pour garder mon visage caché. Les éclats de glace entraient dans mon cœur, le martelait de coups injustes, réveillaient de vieux souvenirs de torture....

Une telle bassesse était bien digne d'une imbécile qui ne connaissait rien à rien. Mais ses phrases touchaient justes, affaiblissant mes fragiles défenses.... Jamais je n'avais pu répondre à Thiassi. J'étais faible et effrayée, et le mutisme et les tremblements de peur avaient été mes seules marques de vie pendant tout mon emprisonnement. Thrùd.... Elle osait parler de ce qu'elle ne savait pas. Jamais elle n'avait été sous l'emprise d'un monstre, sans armes, sans espoir de s'en sortir. Elle me faisait souffrir. Mais cette souffrance se transformait aussitôt en colère face à l'injustice et aux émotions trop longtemps contenues.

D'une voix tremblante d'émotion -rage et tristesse mêlée- je me mis à parler.

« Vous osez vous moquer... Vous osez me blâmer, vous, fière Valkyrie. Vous osez me blâmer d'avoir été la captive oubliée du puissant géant. De ne pas être une guerrière capable de battre un tel adversaire. Mais de quel droit, Valkyrie?! Jamais aucun grand guerrier ne vint me libérer. Nul n'y songea. Pas un instant. Je restais enfermée en espérant une aide d'un noble dieu, mais aucun n'eut le courage de combattre Thiassi et de libérer la pitoyable, la faible Idun. Jamais. Vous qui avez vécu libre toute votre éternité, vous n'avez certainement pas le droit de me parler ainsi. Vous ne savez rien... Rien du tout. »

C'était bien la première fois depuis mon emprisonnement que je parlais autant. Moi, autrefois si bavarde. J'avais perdu tout ce qui faisait de moi Thrùd, au point que même mes cheveux d'or c'étaient ternis sous le pois du malheur.

Sans même me retourner, sans plus accorder d'attention à Thrùd -je ne me sentais pas capable de prolonger encore cette confrontation déjà bien difficile- je commençais à m'éloigner. A m'éloigner d'un pas altier et digne, la tête haute, pour faire croire aux silencieux observateurs fleuris que je n'étais pas femme à montrer mes faiblesses en public.

Je ne permettrais pas que l'on m'accuse alors que le seul fautif était le vil Loki et les traîtres, les lâches qui m'avaient abandonnée.
Après tout, moi, je n'étais que la victime.

Que les autres aillent se perdre dans les bras de Hel.
Et qu'on me laisse enfin tranquille.
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Thrùd
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MessageSujet: Re: Un air de flute [Idun]   Un air de flute [Idun] Icon_minitimeVen 20 Sep - 17:36

Thrùd sourit en sentant venir la réaction d'Idun. Depuis son arrivée, elle appréciait la violence gratuite plus que n'importe quel plaisir charnel. De toute façon, on ne trouvait pas un amant correct par ici: elle avait une large préférence pour les humains ou demi-dieux. Les dieux entiers avaient tendance à être un peu trop sûrs de leurs capacités.

Mais là n'était pas la question. La réaction d'Idun était jouissive, encore meilleure que ce qu'elle avait espéré. Ce mélange de tristesse, de désespoir et même d'un peu de rage, ainsi que de cette peur enfouie qu'elle sentait aussi bien qu'un chien de meute sent celle d'une biche aux abois... Tout ça était incroyable. Thrùd était fascinée par le fait de voir ces émotions violentes remonter à la surface simplement avec quelques mots.

Le pire était que la déesse ne semblait pas se rendre compte du plaisir presque charnel que prenait Thrùd à la regarder lutter contre ses propres ressentis pour ne pas s'effondrer en larmes et garder la tête haute. C'était si facile! Une poignée de mots et le désespoir devenait insupportable pour l'ancienne captive!

"Oh nous serions venues, nous valkyries, mais il faut croire qu'Odin nous a trouvé mieux à faire." lança-t-elle dans le dos d'Idun, qui s'éloignait à présent drapée dans sa dignité déchiquetée. "Vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous même si vous n'avez pas été capable de vous délivrer: entourée de guerriers depuis votre naissance, vous n'avez jamais fichue d'en trouver un pour vous apprendre à vous défendre!"

La valkyrie fit signe à Sigr et monta en selle, riant joyeusement comme si elle sortait d'une fête. Il ne manquait à présent plus qu'un petit galop jusqu'à la maison, puis une bonne flambée pour que sa journée soit plutôt agréable au final. Thrùd passa la main dans ses tresses et claqua de la langue pour faire passer sa monture à l'amble, le temps de sortir du parc.
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